« J’ai été amené à collaborer avec une multitude de nationalités, mais j’ai rarement vu un sentiment de fierté aussi élevé que chez nos collaborateurs turcs ». Ce fut la première pensée à l’égard des Turcs de la part d’un directeur des ressources humaines d’une multinationale, parmi les leaders européens dans l’industrie métallurgique.
Or cette estime de soin’est pas un signe d’orgueil. Les Turcs sont fiers de leur histoire, leur civilisation, leur drapeau et plus récemment de leur réussite économique. La Turquie est l’un des seuls pays au monde à avoir toujours été indépendant. D’autant plusque la Turquie actuelle est l’héritièrede l’Empire ottoman (1299-1923) : une autorité qui a régné sur le monde pendant six siècles et sur l’équivalent de 35 Etats par rapport à la carte du monde actuelle. Sans une grande tolérance et une administration irréprochable, cet Empire n’aurait pu faire cohabiter autant de minoritéspendant 600 ans.
L’amalgame de toutes ces dynamiques permet de mieux cerner cette forte estime de soi.
Les fondements de l’identité nationale et la fierté turque : De l’Empire Ottoman à nos jours, en passant par Atatürk
Les Turcs ont joué, dans l’histoire universelle, un rôle majeur et plus précisément au cours du dernier millénaire.
Au XVème siècle, la conquête de Constantinople, par le Sultan Mehmet Le Conquérant, a créé un cataclysme dans le monde chrétien. En parallèle, elle a eu également pour double effet de chasser vers l’Italie les intellectuels grecs, futurs initiateurs de la Renaissance, ainsi que de pousser dans leurs retranchements les navigateurs portugais. En raison de la domination ottomane au Moyen-Orient, ces derniers ont été contraints decontourner par la mer le Moyen-Orient. Et, par ricochet, Vasco de Gama atteignit l’Inde et Christophe Colomb l’Amérique.
Des Seldjoukides à la naissance de l’Empire ottoman
A l’origine, le peuple turc n’est pas né en Turquie. Nous trouvons son origine dans les bordures de la Mongolie actuelle. A travers les siècles,ce peuple nomade et guerrier a traversé les steppes ouralo-altaïques, de succès en succès, pour arriver dans l’Anatolie actuelle.
Famille issue de la tribu turcique oghouze vivant à l’origine au nord de la mer d’Aral, les Seldjoukides, venus d’Asie centrale, régnèrent sur le royaume des Oghouzes à partir de 990.
La défaite du Sultan Ghiyâth al-Dîn Kay Khusraw II contre les Mongols en 1243 et des problèmes de succession, entraînent un affaiblissement du pouvoir des sultans sur les tribus turkmènes chargées de protéger les frontières avec l’empire byzantin faisant éclater celui-ci en beylicats autonomes.
Pendant que le premier sultanat turc des Seldjoukides se décompose, l’une des tribus Oghouzemonte en puissance sous le règne d’Osman Ier. En 1299, Osman conquiert la ville byzantine de Mocadène, aujourd’hui Bilecik. Cette date marque le commencement de l’Empire ottoman et le début de la constitution de la première véritable armée ottomane. Jusqu’à sa mort en 1326, Osman Ier a conquis plusieurs autres villes et places fortes byzantines, ainsi que certaines principautés turques voisines.
1453 : La chute de Constantinople
En 1453, Constantinople tombe aux mains du Sultan Mehmet II Fatih, surnommé le Conquérant. L’empereur Constantin XI Paléologue se voit refuser l’envoi d’une croisade par le Pape en raison de son refus d’unifier les deux Eglises orthodoxe et catholiques.
Il se retrouva alors assiégé par le Sultan. Celui-ci fit entrer ses bateaux dans la Corne d’or en les tirant par voie terrestre pour ainsi attaquer la ville de l’intérieur. La domination de l’empire est ainsi établie sur la partie à majorité chrétienne de la Méditerranée orientale. Cette date symbolise pour les historiens la fin du Moyen-âge et la fin de l’Empire byzantin.
Constantinople devient ainsi la première ville au monde à avoir été la capitale de trois empires : Empire romain d’Orient, Empire byzantin et Empire ottoman.
A travers son économie : L’âge d’or depuis 2003
16ème puissance mondiale, avec un taux de croissance moyen de 6% entre 2003 et 2013 et des pics à 9% (record mondial devant la Chine en 2004 et 2010) : la Turquie affiche des statistiques remarquables et ce, en moins de dix ans !
Avec une population de 76 millions d’habitants en 2015, elle fait partie de ces pays où il fait bon d’investir pour ces vingt prochaines années. Juste après les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), la Turquie est régulièrement citée avec le Mexique, l’Afrique du Sud et l’Indonésie. La Turquie est devenue l’une des destinations les plus prisées de la région pour les investissements directs étrangers.
La signature de l’Union douanière avec l’Union européenne en 1996 a été l’un des déclics majeurs : elle a permis à la Turquie d’être exemptée de droits et de taxes sur l’importation et l’exportation de biens industrialisés. La Turquie est ainsi européenne économiquement.
Dans plusieurs secteurs et pans de l’économie, la Turquie fait partie du « gratin » mondial :
– 5ème pays le plus visité au monde (41 millions en 2014)
– 6ème producteur mondial de ciment
– 2ème exportateur mondial de bijoux
– 2ème mondial pour ses entreprises dans le BTP
– 1er producteur mondial de bore
– PIB : 820 milliards de dollars US / PIB par habitant : 10.782 dollars US (2013)
– Investissements étrangers directs : 12,5 milliards de dollars US (2014)
Avec une population jeune et dynamique- 60% de la population a moins de 35 ans- la Turquie se lance dorénavant dans des projets pharaoniques :
– construction du plus grand aéroport du monde (capacité : 150 millions d’habitants / an)
– troisième pont du Bosphore
– projet de creusement d’un canal parallèle au détroit du Bosphore
– etc.
Une dernière illustration de la puissance économique de la Turquie est l’émergence d’entreprises qui pèsent dans leur secteur d’activité au niveau mondial. Ainsi, la compagnie aérienne Turkish Airlines est devenue le fer de lance de l’économie turque. Son ambition est de devenir d’ici 2023 l’une des dix premières compagnies aériennes du monde.
D’ailleurs, la date de 2023 est inscrite dans le calendrier du gouvernement turc. Ce sera le centenaire de la République turque, avec pour objectif affiché de devenir l’une des 10 premières puissances mondiales.
La fierté au quotidien
A travers la plupart des cultures occidentales, les fondements de l’identité nationale et la fierté turque tient une place particulière. Admettre ses erreurs est vu comme une forme de professionnalisme et d’objectivité face à ses interlocuteurs. Ainsi, on tente d’être honnête dans son approche des événements.
Or, en Turquie, cette posture nuira à votre crédibilité !
Pour gagner la confiance de vos interlocuteurs, vous devez vous montrer sous votre meilleur jour dans la forme (présentationet tenue vestimentaire impeccable) et aussi dans le fond. Pour ce dernier point, il faut noter que les Turcs ne se reconnaissent pas dans des leaders « faibles ».
Admettre ses erreurs est vu en Turquie comme une preuve de faiblesse. Si vous perdez le respect de vos interlocuteurs turcs, vous avez perdu la face…
C’est pourquoi, il faut constamment faire preuve d’autosuffisance et avoir une attitude pleine de confiance lorsque vous êtes en négociation en Turquie.