Un même individu peut appartenir à plusieurs réseaux à la fois. Le croquis, ci-après, présente, les principaux cercles d’influence les plus répandus en Turquie.Et, en règle générale, un Turc sera lié à vie à ces cercles d’influences : son avenir, sa carrière professionnelle et sa réputation en dépendent
La pluralité des réseaux en Turquie : La famille et la région d’appartenance
Le cercle familial est le 1er réseau d’appartenance. D’ailleurs, la notion de « famille » prend une autre dimension dans les pays orientaux : les parents se sentent responsables de leur progéniture durant toute leur vie, de l’enfance jusqu’au mariage et même au-delà. La parole du père turc prime sur tout le reste, un enfant se doit d’obéir et d’acquiescer. Il existe plusieurs exemples de marques de respect entre père et enfant : ce dernier ne le contredira jamais en public. Dans certaines familles conservatrices, l’enfant évitera de fumer devant son père, par signe de respect.
In fine, appartenir à une famille renommée et fortunée présentera un grand nombre d’avantages.
Ainsi, à la question « Devons-nous faire nos preuves pour acquérir un statut ou nous est-il attribué par les autres ? » :en Turquie, la notion de statut attribué est profondément enracinée. Appartenir à une famille célèbre ne pourra qu’accélérer vos réussites professionnelles.
Identité régionale
L’identité régionale intervient juste après le réseau familial.
La Turquie est divisée en 7 régions. Chacune d’entre elle a sa propre personnalité : un dialecte distinct, un accent local, des traditions culinaires variées, un respect des aînés plus ou moins prononcé… Ainsi, lorsque deux Turcs se rencontrent pour la première fois, l’une des premières questions qu’ils se poseront sera : « Nerelisiniz ? » (traduction : « d’où êtes-vous originaire ? », signification « de quelle ville ? »). Puis, immédiatement après, « Içindenmi ? » (traduction « de l’intérieur ? », signification : êtes-vous originaire de la ville même ou bien de ses environs ?).
In fine, la région/ville d’origine est le premier réseau que les Turcs rejoignent lorsqu’ils arrivent dans une nouvelle ville. Ce lien les suivra toute leur vie et s’il s’avère que leur interlocuteur a des origines communes… la partie est gagnée ! En tant que « cousins éloignés », ils se doivent de s’entraider ! D’autant plus qu’ils font appel régulièrement aux mêmes réseaux, aux mêmes parrains. Si l’un d’entre eux fait défaut, un signal d’alerte sera répandu au sein du réseau.
A titre d’exemple, mon père est originaire de la petite ville d’Adilcevaz à proximité de l’agglomération de Van, à l’extrême est du pays. A chaque fois que nous nous rendons à Izmir d’où ma mère est originaire, je me rends compte à quel point les « Adilcevazli » se connaissent entre eux. A l’intérieur de la troisième plus grande ville de Turquie, leur identité régionale n’a pas disparu. Au contraire, ils sont réunis dans le même quartier et n’hésitent pas à faire appel à la solidarité régionale pour obtenir un logement, négocier un crédit à un taux préférentiel…
Même s’ils n’ont pas tous eu la même réussite sociale, une association existe malgré tout et la porte restera ouverte à tous les Adilcevazli.